Trail et durabilité : ce que mes saisons m’ont appris
Dans notre série “Culture d’Ascend Tech”, nous donnons la parole à celles et ceux qui font vivre notre mission au quotidien. Pour partager ce qui nous anime, ce qui nous relie, ce qui nous inspire. L’article que signe aujourd’hui Boubekeur Boukerma est de ceux-là. Un texte très personnel, né sur les sentiers d’Algérie, de Bretagne et des Alpes suisses. Une réflexion sincère sur le trail, sur la beauté des paysages que nous traversons et sur la responsabilité que nous portons en tant que pratiquants. Boubekeur nous invite à regarder autrement notre rapport aux sports outdoor, aux territoires et à la transition qui touche tout un écosystème : organisations sportives, acteurs économiques, partenaires et collectivités.
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Courir dans des paysages magnifiques : entre passion et questionnements
Certains connaissent ma passion pour le trail et les activités outdoor et je suis heureux de livrer quelques réflexions sur la pratique de ce sport et son impact.
Toute la saison, un questionnement m’a accompagné : quel impact avons-nous, nous traileurs(euses), sur ces lieux que nous aimons ? Entre le besoin viscéral d’être dehors, chacun(ne) pour des raisons qui lui sont propres, et la culpabilité face à la pression que notre pratique peut créer dans l’environnement.
Mes pas m’ont mené des sentiers de l’Azro n’Thor en Algérie à la Bretagne et son incroyable Grand Raid Ultra Marin, ainsi qu’aux Alpes suisses pour la Wildstrubel 50. Pour cette dernière j’y ai terminé … dernier 🥴 mais porté par quelque chose de bien plus fort que d'être un heureux finisher : l’effort, les rencontres, et cette émotion brute face aux paysages minéraux et au glacier.
Une sensation déjà vécue en Algérie : la certitude de n’être qu’un invité sur une Terre magnifique qu’il faut protéger.
Vers un trail plus responsable : gestes individuels et dynamiques collectives
Et pourtant, ce que j’ai observé m’a rendu optimiste : une organisation professionnelle, un grand respect des sentiers, des bénévoles exemplaires, zéro déchet, la fierté visible des habitants à accueillir des hôtes passionnés. Une vraie culture de la responsabilisation, pas de culpabilisation.
J’ai aussi essayé d’être cohérent : covoiturage, navettes, train entre Crans-Montana et Adelboden pour l’après-course, déplacements limités pour le reste de la saison, avec des courses toutes proches de chez moi.
Alors, sans culpabiliser, comment concilier passion et responsabilité en 2026 ?
- Privilégier train, covoiturage, transports en commun
- Limiter à une ou deux sa participation à des courses éloignées même si elles sont mythiques
- Lier course et retrouvailles familiales pour faire d'une pierre deux coups
- Se dire qu'il n’est pas nécessaire d'avoir quatre paires de chaussures en fonction des terrains et offrir plutôt que laisser dormir dans le tiroir l’avant-dernier modèle de montre gps
- Soutenir les initiatives responsables, comme le Marathon du Mont-Blanc réservant 40 % des dossards aux voyageurs en train
- Participer à des courses solidaires en tant que bénévole et faire preuve de créativité et d'engagement comme l’association Qui nettoie si ce n'est toi ? sur l’Ultra Marin
- Et surtout, faire preuve soi-même d'un comportement exemplaire sur les sentiers et les parcours.
Parce que la transformation est en marche. Et elle ne se limite pas au trail mais à tout son écosystème.
Protéger les sentiers : un engagement personnel et professionnel
Les organisations d’événements, les sociétés comme parties prenantes, les territoires, les partenaires… tous seront bientôt évalués sur leurs dimensions environnementales, RSE et extra-financières.
UTMB, Ultra Marin, GRP, Templiers, VVX, SaintéLyon et bien d’autres : chacun sait qu’il faudra aller plus loin, en responsabilité et intelligemment.
C’est précisément pourquoi, en phase avec ce qui m’anime, j’accompagne désormais ASCEND Tech dans le développement d';Harnest;, une plateforme qui aide notamment les acteurs du sport outdoor (et les autres !) à structurer, piloter et prouver leurs engagements ESG.
Parce que protéger les sentiers où nous courons n’est plus une option.
Parce que le trail, par la diversité de ses pratiquant(e)s, peut devenir un modèle pour d’autres secteurs.
Courir, c’est autant prendre soin du monde qu’on traverse que de la vie qu'on parcourt.
Boubékeur BOUKERMA
Business development @Ascend Tech et traileur optimiste.

